Invité en tant que client pour participer à une dégustation de vins du domaine, il n'était pas question de refuser! C'est dans ses propres caves que nous avons suivi Jean Louis Chave pour une dégustation commentée. Nous étions 14 personnes dont une majorité de professionnels.
Nous commençons par les Emitages blancs, assemblages de divers quartiers favorables aux cépages Marsanes et Roussanes. J L Chave nous donne sa vision de l'Ermitage blanc, vin de repas avant tout, dont l'équilibre fondé sur le gras et la densité de matière s’accommode d'une cuisine riche de textures et de saveurs.
Ermitage blanc 2015:
Gras, miellé, finale à la légère amertume, encore dans les limbes mais déjà plaisant.
Ermitage blanc 1998:
Développe plus de complexité: plantes, fruits secs, abricot. La trame se resserre en bouche dans un style effilé avec une perception tannique en finale.
Ermitage blanc 1999:
Expression d'un fruit plus mâture (arômes musqués,abricot...), un vin gras, prégnant, très long en bouche, sorte d'antithèse du 98.
St Joseph rouge:
Il s'agit des 2016 en cours d'élevage.
Selon j L Chave, St Joseph est une appellation hétéroclite qui manque d'unité, les grands terroirs de côteaux ont été pour la plupart abandonnés, car trop difficiles à travailler, au profit de ceux de la plaine. Le domaine a entrepris d'importants travaux (plantations à haute densité, remise en état des anciennes terrasses et murets) pour redonner vie aux coteaux de Bachasson à Lemps et de Chalaix à Mauves.
Chalaix:
Principalement des granites, fortes pentes. Évidente expression florale centrée sur la violette soulignée par la finesse des tanins.
Même parcelle mais sur des granites plus profonds. Sensation d'une minéralité dont le fruit peine à se dégager d'un tanin puisé dans la roche.
Bachasson :
Moyenne d'âge des vignes environ quinze ans, une partie en Franc de pied sur des granites décomposés, fortes pentes. Un vin tendu, vertical, bâti sur la trame minérale d'un tanin serré.
Dardouilles:
Sur le haut du côteau. Vin aux épaules larges, d'une délicate expression florale, aux tanins gras. A ce stade, plus hédoniste que le précédent.
Même parcelle mais bas de côteau sur un cône de déjection avec pour corollaire plus de chaleur et des sols moins compacts. Ici l'expression se fait plus légère, le vin combine finesse et gras.
Ermitages rouges
Nous commençons par différents quartiers du millésime 2016 en cours d'élevage. La proportion de bois neuf des barriques est faible.
Les Beaumes:
De la richesse, du gras, un vin enveloppant aux tanins fins et serrés dans lequel pointe une touche fruitée.
Le Méal:
Plus suave en attaque mais le vin se resserre ensuite sur des tanins plus marqués.
L' Hermite:
Structure plus discrète ce qui confère au vin plus de finesse soulignée par une expression aromatique (fruits à chair blanche) plus déliée.
Les Bessards:
C'est de tous celui qui apparaît le plus tannique, d'une trame serrée mais avec beaucoup de finesse, il révèle une plus grande tension ainsi qu'une empreinte minérale plus marquée.
Pour terminer, deux Ermitages.
Ermitage rouge 2015:
C'est le millésime actuellement commercialisé.
Le nez est discret, nuance fruitée/florale, perception de roche. Un vin qui dégage une sensation d'épure, d'équilibre, aux contours nets, loin de toute séduction immédiate, mais, chose étonnante, d'une grande buvabilité. Evidemment il est dans les limbes et même s'il se montre discret, le potentiel est bien là.
Ermitage Rouge 2000:
Un millésime qui a de la route et l'expression s'en ressent. Très complexe dans ses arômes, jus de viande, musc, violette, notes de sang, de prune...La bouche d'un grand jaillissement aromatique se pose sur un tapis de tanins satinés et finit très longue.
Un vin pour accompagner le pigeon selon le propriétaire.
Cette bouteille m'a paru plus expressive que celle goûtée avec mes amis "dégustateurs du 31" en mai 2017. Mystères de l'évolution...
Un grand merci à Jean Louis Chave pour son accueil et cette magnifique dégustation.